Articles

Tristan Klingsor (1874-1966)
Pays de Bray/terre de potiers

par Henri Lécluse
Arts et Lettres de France
(Délégué Picardie)

 

Bulletin de liaison
Sommaires des Mémoires
Liens utiles
Pour nous contacter
Dernières parutions
Tristan Klingsor

Autoportrait - 1924

Photo aimablement communiquée

par François Beauvy

Localisation actuelle  inconnue
 

 

 

 

   

De nombreux potiers exercent leur art dans le Beauvaisis: par exemple Auguste Delaherche, célèbre céramiste dans les années 1880, né à la Chapelle-aux-Pots, ami de Tristan Klingsor. Ils ont suivi Pissareff, puis Nigon, et maintenant. Nicole Lebroussard. Tristan Klingsor, de son vrai nom Léon Leclère, est un artiste complet, autant poète que peintre et musicien à la sensibilité multiple, et Alexandre Arnoux dit de lui : «C'est un poète exquis, délicat, aérien, rompu aux rythmes rigoureusement libres, abondant en images transparentes et irisées, enchanteur séduit par l'Orient et influencé d'abord par le symbolisme». II rejoindra le groupe «fantaisiste» animé par Paul-Jean Toulet.

Un artiste complet

Ses œuvres diverses le rapprochent de ses amis peintres Simon Bussy, Eugène Marte!, Chartes Milcendeau. il fut l'ami fidèle de Philéas Lebesgue pendant de nombreuses années, li était aussi excellent critique d'art.

Selon Daniel Araujo, Arthur Léon Leclère naît en 1874 près des bois du beau pays de France à la Chapelle-aux-Pots où il sera inhumé après une longue existence d'artiste. Il a découvert Nerval et la chanson de Sylvie au collège de Beauvais, Aloysius Bertrand et le grelot médiéval du conte pendant le

régiment. A 19 ans, il choisit lors d'un concours poétique de s'appeler Tristan Klingsor, Tristan commeTristan l'Hermite et Tristan de Leonois qui but le philtre d'amour avec Yseult.
Fonctionnaire de l'Hôtel de Ville de Paris par !e hasard d'un concours, il résidera aussi à Saint-Maixent (Sarthe) chez sa fille unique. Probe, sans étalage ni vanité, ce poète est aussi compositeur (mélodies, piano, violon, quatuors...). Il mettra en musique nombre de ses propres poèmes.

Le critique de peinture ferme et nuancé, parfois impérieux, fascine par sa technicité, son érudition, son
sens historique des filiations, ensembles, sous-ensembles et par sa prose de poète dont l'œil parfois écoute. Le critique littéraire aide souvent à mieux comprendre le poète (ballades) par sa science technique et historique.

 

L'œuvre poétique compte une vingtaine de poèmes à deux versants (silence apparent de 12 ans : 1932-1944) avec une préférence pour la seconde période. Klingsor s'est très vite acheminé vers ce qui va demeurer avec des variations, sa formule la plus constante : la strophe de mètres mêlés, rimes ou assonances. On lit avec lenteur et quelque volupté ces strophes faciles, immédiates, amies de la mémoire. Musicien, Klingsor refusait le plan tonal de Franck, peintre, le cubisme qu'il assimilait à la mosaïque, et poète, il assouplit l'alexandrin, le creuse, le défait, refait un peu. Le poème est court, le plus souvent. La sagesse, la tristesse, la moquerie, le désir, le destin passent volontiers par le coup d'œil sonore qui préfère souvent la grâce à la beauté.

N'oublions pas non plus  le poète en prose, styliste  et humoriste du réel dont, peintre mélodieux, il nous rend l'étude même et l'esquisse vive ou te croquis

Caprice arlequin cher à plus d'un enfant, bel artiste cher à Ravel ou Migot ou d'autres qui mettront en musique l'inflexion et ces inflexions du vers (chant flexible de flûte et de source), «dormeur éveillé», préférant le demi- somme de province à l'hypnose surréelle, Tristan Klingsor, ce mal lu, ce méconnu, en partie inédit, introuvable depuis des décennies a un charme précis et entêtant. Il mérite qu'on le ressuscite.

Œuvres principales :

Schéhérazade (Mercure de France) 1903

Poèmes de bohème 1913

50 sonnets du dormeur éveillé 1949

Le tambour voilé 1960

Poèmes de la princesse Chou 1974

Œuvres pour piano 1997

 

Arthur Justin Leclère est né le neuf août mil huit cent soixante quatorze à La Chapelle-aux-Pots d'Arthur Nestor Leclère, piqueur au chemin de fer du Nord, âgé de vingt-huit ans et de Mary Aglaé, son épouse, sans profession, âgée de trente ans. Marié à Marie Ernestine Morel, il meurt à l'hôpital du Mans le 3 août 1966.

Références: Registre d'Etat Civil de la commune de La Chapelle-aux-Pots. Acte n° 35 de l'année 1874

 

   

Signature de Tristan Klingsor

 

La tombe de Tristan Klingsor dans le cimetière de La Chapelle-aux-Pots
                                                                       Clichés: Michel Lefèvre